Mots sur maux : être au milieu d’un divorce
J’inaugure cette nouvelle catégorie « Mots sur maux » avec un premier sujet : le divorce. Et plus exactement : être au milieu d’un divorce. Vous ne le savez peut-être pas mais je suis l’aînée d’une famille de 4 enfants. J’ai trois frères et mes parents sont divorcés depuis plus d’une dizaine d’années. Sûrement naïve ou éternelle romantique, j’ai toujours pensé que l’amour entre mes parents ne prendrait jamais fin. Mais les histoires d’amour dignes de contes de fée n’existent pas ou alors elles se font de plus en plus rares. Cet article ne jette la pierre à personne ! Il me permet simplement d’extérioriser mon vécu, mes ressentis, d’en échanger avec vous, enfants de parents divorcés (ou non). Ce sont des confidences dont je n’ai pas honte, et que je n’ai pas à taire. Sachez que j’écris tout avec une prise de recul, du temps a coulé sous les ponts.
L’aîné(e) passera au-dessus de tout ça : FAUX
A l’époque, je me suis retrouvée comme l’enfant « messager ». J’aime mes deux parents autant l’un que l’autre mais cette période m’a touché bien plus que ce que je ne l’aurai imaginé. C’est clairement de là que sont nées mes premières crises d’angoisse. Je ne voulais pas avoir ce rôle de messager. Mais je n’ai pu y échapper. J’essayais tant bien que mal d’apaiser les choses mais ce n’était finalement pas de mon ressort et ne dépendait pas de moi. J’ai même échangé le rôle de parent avec mon père. J’étais devenue sa bouée de sauvetage, sa « psy » alors que j’étais son enfant et que je vivais mal ce qu’il se passait moi aussi. On se dit que l’aînée ne peut pas être affectée, qu’il/elle est plus âgée, qu’il/elle comprend. C’est FAUX. Du moins, me concernant. Ce n’est pas parce qu’on a l’âge adulte que l’on peut tout encaisser.
Réussir à se protéger dans le chaos
Même si leur séparation était inévitable, voir sa famille partir en mille morceaux reste un bouleversement. On se dit que ça ne sera plus jamais pareil. La maison dans laquelle nous avions tous vécu des années ne serait plus. C’était compliqué de se protéger face à toute cette perte de repères. On m’a dit que je ne pouvais et ne devais pas tout endosser et c’était vrai. Mais, je ne pouvais pas non plus passer outre. Je ne vais pas mentir, je n’ai pas réussi à me protéger sur les premières années. Puis, avec le recul et pour me permettre de mieux avancer dans ma vie, j’ai dû « mettre de côté » les différents qui opposaient mes parents. Après des années compliquées, le temps a fait les choses et les relations entre eux se sont apaisées. Je vous avoue que cela m’a permis de retrouver une certaine sérénité (qui était la bienvenue).
Ne pas s’oublier et en tirer les bonnes leçons !
J’aurai dû consulter un psychologue à l’époque où j’ai vécu cela. Cela m’aurait sûrement permis de gérer toutes ces émotions qui se mélangeaient en moi. J’ai ressenti de la tristesse, de l’incompréhension, de la colère, des doutes. J’ai pris les émotions de toute ma famille, même sans le vouloir, à bras le corps. Je me suis souvent oubliée en chemin. Traverser le divorce de mes parents à l’âge adulte m’aura permis de tirer plusieurs leçons bénéfiques : 1/ toujours rester neutre et ne pas tirer de conclusions hâtives 2/ il faut savoir s’écouter et partir quand on est plus heureux 3/ toujours protéger ses enfants au mieux qu’il soit même dans une séparation difficile. 4/ faire abstraction du regard des autres, nos décisions nous appartiennent ! 5/ être bien entouré(e) dans cette période compliquée est primordial. Parler, sortir, faire des choses qui nous font du bien et font aussi du bien à nos enfants.
Pour finir, il ne faut pas oublier qu’un enfant ressent les émotions de ses parents. Aussi bien les positives que les négatives. Aussi, je pense qu’il ne sert à rien de leur « cacher » la vérité. Mais, les préserver au maximum est préférable. Même si il y a des passages compliqués inévitables, il est toujours possible de mettre les différents de côtés. Pour qu’ils se construisent au mieux possible, autant leur montrer de belles valeurs comme le respect, la bienveillance, l’honnêteté, la loyauté, la tolérance, la confiance et l’empathie. Et ne pas oublier que la séparation de nos parents peut nous toucher quel que soit notre âge et d’une intensité différente. Cela est propre à chacun. Certain(e)s le vivront avec beaucoup de distance tandis que d’autres le subiront de plein fouet. J’ai gagné en maturité face à cela. Cela m’a aussi rendu plus forte et plus indépendante en tant que femme.
Que pensez-vous de ce premier épisode « des mots sur des maux » ?
Avez-vous vécu(e) un divorce parental ? En tant qu’enfant ou adulte ?
Que vous soyez concerné(e)s ou non, votre avis m’intéresse.
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